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Cette folle journée

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Message par Benichou Jeu 8 Mar - 10:25

Carnet de bord, 27 Mai 2009.

"Nous sommes arrivés hier matin à Marseille. Ce soir, c'est le grand soir. Un soir que tout joueur rêve de vivre. Toute la nuit, j'ai repensé à l'année dernière. Berne me hante. Secrètement, et ça tous les entraîneurs sont identiques, je me disais que ce titre ne pouvait pas nous échapper. Je connaissais tellement bien notre adversaire. J'ai bâti cette équipe lors de mon passage dans le Rhone il y a deux ans. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Crispés, sans doute, bloqués, certainement, mais nous avons tout tenté, la coupe avait choisi son camp, bravo à eux. Néanmoins, je continue encore et toujours à penser à ce match, au but de Drogba, ce joueur que j'avais fait venir à Lyon, et puis au coup de sifflet final, je m'entends encore dire que ce n'est pas grave, et en fait ça l'était. Aller vers mes joueurs, certains en pleurs, d'autres les yeux dans le vague, cette étrange sensation quand nous sommes montés en tribune afin de récupérer notre médaille, nous étions jamais aussi proche de cette fameuse coupe aux grandes oreilles, celle qui fait rêver tant de joueurs, de présidents, de supporters.

Je me lève, j'avance lentement vers la salle de bains, j'ai la tête des mauvais jours, je suis fatigué, stressé, mais j'ai une envie de dingue d'arriver au plus vite au départ pour le stade Vélodrome. J'ouvre mon volet, il fait beau, il est encore tôt, quelques voitures quittent le parking, seuls restent les autobus du club. Je file sous la douche, l'eau est chaude et me déstresse, j'enfile le jogging orné de l'emblème de l'Inter Milan, mon club, j'ai toujours dit que je voulais plus que tout emmener cette équipe au plus haut niveau en Europe, on y est, pour la seconde année consécutive, allez il faut réussir.

Je descends dans la salle du restaurant, je me rends compte que je ne suis pas le premier, comme toujours mon Capitaine est assis et lit le journal.

- "Javier, t'as fait l'aller retour au petit matin pour ramener la Gazzetta?"
Il me sourit, et me fait mine de m'installer à ses côtés.

- "Vous le sentez comment ce soir, coach?"
- "Comment je le sens? Difficile à dire, un mélange de crispation et d'excitation, et toi?"
- "Vous savez, je me dis que si c'est pas ce soir, ça sera jamais mon tour de la lever cette fameuse coupe, j'ai 35 ans, j'ai tout connu à l'Inter, des saisons géniales, d'autres flippantes, je croise les doigts, le football est si spécial, tout peut arriver en 90 minutes, j'en sais rien en fait..."
- "Allez, cet instant viendra bien assez tôt, comment il est ce café?"
- "Moyen, vous vous souvenez lors de notre déplacement ici l'année dernière, on s'était arrêté sur une aire de repos juste après la frontière, j'étais allé prendre un café avec Diego, on a clairement pris une claque, c'était le meilleur café que j'ai jamais bu hors de chez moi, corsé et qui reste en bouche juste assez longtemps pour qu'on ait envie d'en reprendre un autre"


Peu à peu, les autres joueurs descendirent de leurs chambres, certains avec un casque sur les oreilles, d'autres pendus au téléphone, et comme d'habitude Yann se chamaille avec Sébastien, notre gardien.

Vers 11h, je convoque l'équipe et le staff dans la salle de réunion. Nous visionnons des séquences du dernier match de Manchester à la Sociedad. L'essentiel des ballons fut distillé par Beckham, ce n'est pas vraiment une surprise, le meneur de jeu fait vraiment une bonne saison et guide au mieux ses partenaires. J'avertis, sans vraiment que ce soit une surprise, mes joueurs sur le fait de ne surtout pas concéder de coup franc dans les vingt cinq derniers mètres. Pour Beckham, un coup franc dans ce secteur équivaut à un pénalty pour notre meilleur tireur. Ensuite je me focalise sur leur ailier Kranjcar qui travaille sans cesse entre récupération et projection vers l'avant, il transmet très rapidement le ballon, ce n'est pas un joueur qui porte lui même l'action, il récupère, transmet, reprend et redonne très rapidement. Il a aussi la faculté d'aller chercher des fautes aux abords de la surface, d'ailleurs les Espagnols se sont faits avoir et Beckham a transformé l'opportunité en but.

Je donne mes premières consignes et des infos sur l'équipe qui démarrera le match ce soir. Je donne les noms des joueurs qui se trouveront au milieu, mon choix se porte sur Van Bommel qui a démontré de bonnes choses récemment, et mon capitaine Zanetti. Sur les côtés, Pastore et Marvin Martin animeront les attaques. Je reste évasif, comme à mon habitude, sur la suite de la composition.

Le repas du midi se déroule dans une bonne ambiance, ça blague, ça rigole, on fait des paris sur qui sera aligné d'entrée ce soir, je me lève et donne les instructions sur le planning de l'après midi, ça sera sieste, puis briefing dans la salle de réunion, nous partirons pour le Vélodrome à 17h00 pour une arrivée vers 17h45. L'échauffement débutera à 19h00 pour prendre fin vers 20h, il sera à base de toro, de frappes au but et de récupération, Javier prendra en charge l'animation et la motivation des troupes. Le match débute à 20h30.

Je me retire dans ma chambre, mon adjoint m'accompagne, on discute foot et aussi avenir, il me demande ce que je ferai si on gagne, je lui dis que je ne sais pas, il me met dans le nez une phrase que j'avais prononcé lors d'une interview, dans laquelle je disais qu'une fois la ligue des champions en poche je pourrai partir l'esprit tranquille de l'Inter, je rigole, je ne réponds pas, on change de sujet, on parle famille.
Les minutes passent vite, on se doit déjà de préparer nos sacs et de les descendre devant la réception pour les mettre dans la soute. Ca y est, la pression est montée d'un cran, ça se ressent, peu à peu les joueurs se referment sur eux et ainsi peut débuter la période de concentration. Je relis mes notes prises tout au long de l'année, je donnerai la composition à la dernière minute pour garder tout le monde à fond dans la concentration. Je sais que certains seront déçus de ne pas débuter, mais il faut faire des choix, puissent ils être les bons.

On arrive sur Marseille, les maillots bleus et noirs se heurtent aux maillots rouges. Ca a l'air calme, des klaxons accompagnent notre petit voyage. Notre bus s'arrête à l'entrée du stade, nous descendons un par un, une haie est crée pour que l'on puisse se frayer un chemin, la ferveur est énorme, autant que l'attente de tout un peuple. D'ailleurs elle a redoublé depuis mercredi dernier et la victoire du Milan AC sur l'Olympiakos en finale de la C3 à Bruges, on est attendus au tournant, les supporters pro Milan ne nous louperont pas si on perd ce soir. Et puis l'occasion est trop belle, Milan peut régner sur l'Europe ce soir.

Mes préparateurs distribuent des chasubles de couleurs aux joueurs pour leur échauffement, aucun indice filtre, notre gardien titulaire, Cédric Carrasso porte la même couleur que Sébastien Frey et Javier n'a pas la même chasuble que Mark, tout le monde reste concerné et concentré.

Au retour de l'échauffement, les joueurs découvrent les noms des titulaires et des remplaçants.

Carrasso - Maicon, Samuel, M'Vila, Evra - Zanetti, Van Bommel, Martin, Pastore - Huntelaar, Raul.
remplaçants : Estafania, Benzema, Motta, Frey, Alvès, Gago, Pandev

Aucune réaction, c'est bien, ils sont tous dedans, Diego Milito, même blessé, a fait le déplacement avec nous, il pousse un cri rageur "Allez allez les gars hein, on ne lâche pas, on est dedans, on va le faire!!!", la cohésion de groupe est la chose la plus importante dans une équipe, vous pouvez avoir de grands joueurs, s'ils ne savent pas jouer en équipe vous n'avancerez pas.

L'arbitre siffle pour le rassemblement et l'entrée sur la pelouse, c'est l'heure. Du vestiaire, on entend dans un bruit sourd les festivités qui se déroulent sur la pelouse, la tension est encore montée d'un cran. Je sers le nœud de ma cravate, je reçois un dernier sms de ma femme, il fait doux ce soir, le stade est plein, je salue Sir Alex Ferguson, on échange deux trois mots, il me souhaite bonne chance, je fais de même.

Voilà, on y est. Ils entrent sur la pelouse, l'hymne de l'UEFA accompagne la venue des joueurs sur la pelouse, je suis le cortège accompagné de mes adjoints et du staff technique, d'un côté la tribune sud est rouge, un grand tifo représente l'emblème de Manchester United, et au nord la tribune est bleue et noire avec en guise de réponse l'emblème de l'Inter, des cris viennent de partout, les supporters des deux camps se renvoient leurs chants, c'est chaud, je suis bien, je prends place sur mon baquet de formule 1, l'hymne de la Ligue des Champions retentit, tout va bien, ça peut être qu'une bonne soirée."

Benichou
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